Déléguer la gestion aux professionnels de l’allocation

Les acteurs
Outils
TAILLE DU TEXTE

Présent sur le marché des CGP depuis de nombreuses années, Lazard Frères Gestion propose sa gestion diversifiée disposant de différents profils de risque, ainsi qu’une gamme de fonds actions et obligataires.

Colin Faivre et Guilaine Perche, respectivement économiste-allocataire et responsable commerciale distribution, nous présentent les contours de ces offres.

Investissement Conseils : Vous aviez abordé le marché des CGP avec un fonds sur les valeurs scandinaves, puis vous avez mis en avant votre offre de gestion diversifiée. Pour quelles raisons ?

LazardGuilaine Perche : En effet, nous avons d’abord référencé sur le marché des CGP le fonds Norden SRI, dès 2008, car il s’agissait d’un produit très différenciant et qui a enregistré de belles performances les années suivantes. Rapidement, dès 2009, nous avons ouvert notre premier profil de gestion pilotée diversifié avec l’Aprep, absorbé depuis par Nortia. Ce type de gestion est aujourd’hui davantage utilisé par les CGP qui, auparavant, ne souhaitaient pas trop lâcher les rênes de l’allocation. C’est pourquoi nous l’avons à nouveau développé depuis cinq ans désormais. En effet, la gestion déléguée est un moyen pour les CGP de répondre aux contraintes réglementaires et administratives, mais aussi de faire face à la volatilité des marchés en s’appuyant sur une gestion réactive. Cette offre se compose tout d’abord de la gestion pilotée qui s’adresse aux CGP dont le modèle ne repose pas sur l’allocation d’actifs ou qui utilisent ce mode de gestion pour une clientèle mass-market. Vient ensuite la gestion sous mandat, principalement au sein de fonds internes dédiés dans les contrats d’assurance-vie luxembourgeois. Trois mandats de gestion diversifiés sont proposés : modéré (0 à 50 % d’actions), équilibré (25 à 75 % d’actions) et dynamique (50 à 100 % d’actions). Enfin, nous proposons également la création et la gestion de fonds dédiés qui reposent sur un cahier des charges construit avec le cabinet et généralement utilisés comme le socle d’une allocation. Ils sont une douzaine à être actuellement gérés pour le compte de CGP, dont certains comptent plus de 70 millions d’euros d’encours. Cette gestion diversifiée est assurée par Colin Faivre, et l’équipe de gestion diversifiée à laquelle il appartient gère Lazard Patrimoine SRI, un de nos plus beaux succès commerciaux de ces derniers mois.

Quelle est la stratégie de gestion développée au travers de ces différents formats ?

Colin Faivre : Tout d’abord, la particularité de l’offre de gestion de Lazard Frères Gestion est d’être assurée par des gérants qui sont également des analystes; c’est le cas pour l’ensemble des équipes : actions, obligataire ou diversifiée.

Notre gestion diversifiée s’appuie, en premier lieu, sur une analyse du cycle économique, en croissance ou en récession, via un suivi des différents indicateurs macroéconomiques, avec une attention toute particulière portée sur les phases où le cycle se retourne. Si, comme actuellement, l’activité économique reste dynamique, mais se rapproche d’un ralentissement, nous protégeons nos portefeuilles en réduisant nos poches d’actifs risqués. A l’inverse, lorsque nous nous approchons d’une fin de récession, nous reprenons du risque dans les portefeuilles, ce qui suppose d’avoir un certain courage. Parallèlement, nous restons attentifs aux facteurs à plus court terme qui influencent les marchés : les événements politiques, comme les élections, et les tensions géopolitiques ou autres phénomènes, comme le tremblement de terre au Japon ou, plus récemment, la crise sanitaire.

G. P. : Cette méthodologie est utilisée quel que soit le type de véhicule – de la gestion pilotée aux fonds dédiés – en passant parles mandats de gestion ou encore Lazard Patrimoine SRI. Au total, ce sont 3 milliards d’euros qui bénéficient de ce process d’allocation. Ensuite, les supports d’investissement varient selon le véhicule d’investissement et les montants investis. La gestion pilotée est gérée en multigestion en architecture ouverte et est accessible à partir de quelques milliers d’euros. La gestion sous mandat est ouverte aux investisseurs à partir de 500 000 € en OPC clean-share et, à partir d’un million d’euros, une poche de titres vifs est intégrée. Notons que cette gestion sous mandat permet d’investir de façon progressive, selon les conditions de marché, alors que ce ne peut être le cas pour la gestion pilotée.

Enfin, les fonds dédiés sont accessibles dès lors que l’encours peut atteindre rapidement 8 à 10 millions d’euros. La gestion est alors totalement personnalisée, selon le profil de risque déterminé en compagnie du CGP.

C. F. : Hormis pour Lazard Patrimoine SRI qui est investi en lignes directes puisque sa taille nous le permet (1,2 milliard d’euros d’encours), l’allocation est mise en oeuvre par le biais de fonds maison, mais aussi externes dès lors que nous ne possédons pas l’expertise en interne. Toutes les classes d’actifs peuvent être représentées. Si la taille du véhicule le permet, nous pouvons incorporer des titres vifs. Dans notre offre de gestion sous mandat, il s’agit d’une vingtaine d’actions européennes, notre marché de proximité, qui sont toutes des large caps internationales, le plus souvent leaders sur leur marché grâce à un avantage produit, marketing ou d’innovation. Ce sont des valeurs robustes qui constituent le socle de nos poches actions, car elles sont à la fois peu volatiles et performantes sur le long terme.

Quel est votre positionnement actuel ?

C. F. : Nous touchons à la fin d’un cycle de croissance, accompagné d’une inflation hors de contrôle. L’Europe a déjà ralenti sous l’effet du durcissement de la politique monétaire et du choc énergétique; la hausse des prix pèse sur la capacité des entreprises à produire et des ménages à consommer. Outre-Atlantique, on observe encore peu de signes de ralentissement, avec une économie toujours aussi forte et un marché de l’emploi toujours en hausse. Mais la Fed a durci le ton pour faire ralentir l’inflation, et donc l’économie. La récession en Europe et aux Etats-Unis est devant nous. Pour autant, la correction des marchés actions n’a pas encore atteint son point bas, selon nous. Sur le marché des taux, qui sont bien remontés, nous considérons que le durcissement des politiques monétaires n’est pas encore achevé. En revanche, les spreads de crédit se sont normalisés, ce qui est favorable aux stratégies de portage, d’où le lancement du Buy and Hold Lazard Crédit 2027, principalement investi sur des titres d’émetteurs de qualité Investment Grade. Néanmoins, il ne s’agit pas encore de spreads d’une économie en récession : on pourrait voir des points d’entrée plus attractifs, notamment sur le High Yield.

Eu égard à ce contexte, nous adoptons un positionnement prudent. Sur Lazard Patrimoine SRI, notre poche actions – de 0 à 40 % – s’élève aujourd’hui à 4 %, alors qu’elle a été de 35 % à la fin de l’été 2021, puis 20 % fin 2021. Notre poche obligataire se veut également très défensive, avec une réduction des poches High Yield et dettes subordonnées financières dès 2021. Notre sensibilité est inférieure à celle de notre indice. D’ailleurs, pour profiter de la hausse des taux, nous avions même une sensibilité négative aux taux US en 2022, ce qui a été le principal moteur de notre performance.

Aujourd’hui, reprendre du risque n’est pas à l’ordre du jour. Nous considérons que les évolutions des actifs financiers et de l’économie sont intimement liées. Or les résultats des entreprises ne se sont pas encore dégradés. Ce n’est que lorsque l’économie américaine sera rentrée en récession que nous pourrons commencer à nous réexposer progressivement aux marchés actions.

Quels fonds recommandez-vous actuellement ?

G. P. : Notre fonds obligataire Lazard Credit Opportunities, géré par Eléonore Brunel depuis 2018, a reçu un bon accueil de la part de nos partenaires. Il s’agit d’un fonds obligataire qui vise à délivrer de la performance absolue dans toutes les conditions de marché. Très mobile, il peut être investi sur l’ensemble des segments de la classe d’actifs obligataires, avec seulement une limite à 30 % sur les CoCos. Son approche de performance absolue se matérialise également par sa capacité à disposer d’une sensibilité aux taux variant entre-5 et + 10 et l’accès aux CDS. Lorsque le contexte de marché le permettra, nous réorienterons nos partenaires vers des fonds actions, tels que Norden SRI, Lazard Equity SRI, Lazard Small Caps Euro SRI, Lazard Small Caps France ou encore Lazard World Innovation, et vers notre fonds patrimonial Lazard Patrimoine Opportunities SRI.

Un mot sur votre politique ESG ?

C. F. : Nous disposons d’un des plus vieux fonds ISR sur la place : Lazard Equity SRI, auparavant dénommé Objectif Ethique, qui est le fonds coeur de notre gamme actions de la zone euro. Aujourd’hui, de nombreux fonds sont labellisés ISR et notre gestion diversifiée peut également être réalisée uniquement à base de fonds ISR. Nous venons également de lancer nos deux premières stratégies répondant à l’article 9 du règlement SFDR : le fonds actions Lazard Capital Humain et le fonds obligataire Lazard Global Green Bonds Opportunities. Dans notre gestion, l’analyse ESG réalisée par les analystes financiers eux-mêmes fait pleinement partie du process de sélection des titres. Les critères ESG sont pleinement intégrés dans notre modèle de valorisation, une mauvaise note extra-financière venant réduire le potentiel de valorisation d’un titre ou dégrader la qualité d’un émetteur. Cette note repose à 30 % sur l’environnement, 30 % sur le social et 40 % sur la gouvernance; le tout avec une cinquantaine d’indicateurs suivis. Cette notation à la fois qualitative et quantitative est couplée à des échanges avec les sociétés. Sur nos fonds labellisés, seules les entreprises ayant une notation supérieure à celle de leur indice sont éligibles, et nous excluons les 10 % des valeurs les moins bien notées, ainsi que les secteurs traditionnellement exclus (tabac, charbon, etc.).

 

 

Articles sélectionnés pour vous

logo lbf

Sociétés citées