Une société de capital-investissement s'impose sur le marché des CGP

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> Article paru dans le magazine n°: 834

Avec le lancement de son second FCPR dédié à la clientèle patrimoniale, LBO France confirme sa volonté d’être présent sur le marché de la distribution. En outre, la société de Private Equity propose un FPCI éligible au remploi de plus-value de cession d’entreprise. Explications avec Robert Daussun, son CEO, et Johan Didouche, son directeur de la distribution externe et relations investisseurs.

Investissement Conseils : Pourriez-vous nous présenter votre société, LBO France ?

Robert Daussun : LBO France est un acteur créé en 1985, ce qui, à l’échelle de notre métier, lui confère une grande expérience. Jusqu’en 2000, nous étions uniquement spécialisés sur le LBO de sociétés commerciales, industrielles ou de services. A partir de cette date, nous avons élargi notre périmètre aux investissements sur des activités immobilières (bureaux et logements) au capital-innovation dans le domaine de la santé, à la dette privée, en particulier au financement de l’éolien et de l’énergie solaire. Nous avons connu quelques beaux succès, comme la société Materne, un leader sur son marché que nous avons implanté aux Etats-Unis avant de la revendre, ou encore dans le même domaine agroalimentaire et pour en rester à des marques qui peuvent parler à vos lecteurs, Labeyrie. Aujourd’hui, notre activité historique représente 50 % de nos encours sous gestion qui s’élèvent à environ 4 Md€. Nous avons accompagné environ cent-dix sociétés depuis 2000 pour 6 Md€ de fonds levés. Notre taille et notre diversification d’activités nous permettent d’attirer des talents dans chaque métier, et offrent une meilleure fertilisation des idées d’investissement avec des spécialistes dans leurs domaines. Nous pouvons proposer ainsi à nos investisseurs une palette de produits assise sur une combinaison d’expertises et sur une vraie fertilisation de nos différentes spécialités.

Pourquoi vous intéressez-vous désormais au marché de la clientèle patrimoniale ?

R. D. Depuis plusieurs années, nous sentons une demande de la part d’investisseurs qui ont des difficultés à s’investir sur des placements attractifs : l’obligataire délivre un rendement extrêmement faible ; l’immobilier voit ses rendements devenir moins attractifs dès lors que les prix d’achat progressent d’année en année et, si la Bourse offre un espoir de rendement et de plus-value élevé, les risques de marché sont difficilement supportés par les investisseurs. Face à cela, le Private Equity, sans être un placement parfait, présente de nombreux avantages, notamment un couple rendement/risque attractif, une déconnexion des variations de marché artificielles liées aux aspects psychologiques ou spéculatifs. En effet, le capital-investissement permet d’accéder à une performance qui suit l’évolution intrinsèque de celle des entreprises. D’ailleurs, notre portefeuille a bien résisté à la crise, avec des valorisations qui, au 30 juin, étaient comparables à celles de fin 2019, même si à l’intérieur de nos portefeuilles, certaines valeurs ont souffert, alors que d’autres ont profité de la crise. Dans ce sens, notre offre auprès des investisseurs particuliers se veut protectrice : le placement que nous proposons spécifiquement à la clientèle patrimoniale combine des produits qui investissent au sein de différents fonds pour une meilleure mutualisation des risques.

Johan Didouche : Ce type de placement était auparavant réservé à la clientèle d’investisseurs institutionnels ou clients avertis via nos partenaires family offices dont l’allocation d’actifs en Private Equity est souvent de l’ordre de 20 %. Avec nos FCPR, nous comptons démocratiser l’accès au capital-investissement. L’appétit du marché est réel pour une classe d’actifs déconnectée des marchés, surperformante et qui correspond à l’horizon d’investissement de leurs clients, à savoir entre quatre et six ans. En effet, la clientèle patrimoniale a désormais bien compris que pour accéder à un rendement attractif, il convenait d’accepter une moindre liquidité. En s’adressant à LBO France, nos partenaires recherchent un acteur qui a su délivrer de la performance alors que sur le marché du capital-investissement, on observe que les écarts de performance sont très larges d’une société à l’autre. Après le FCPR White Caps Sélection au dernier trimestre 2018, lequel a collecté 30 millions d’euros en sept mois et a été clôturé par anticipation en mai 2019, nous avons donc décidé de lancer le FCPR White Caps Sélection II.

En outre, c’est également pour répondre à la demande du marché des CGP et depuis que l’investissement via des parts de fonds est possible, que nous avons créé un fonds éligible à l’article 150–0 b ter du CGI sur le remploi de plus-value de cession des dirigeants d’entreprise.

Pourriez-vous nous présenter le FCPR White Caps Sélection ?

R. D. Ce nouvel FCPR aura bâti sur les mêmes fondamentaux que nos fonds classiques, à savoir une stratégie centrée sur les petites et moyennes capitalisations (valorisées entre 20 millions et 1 milliard d’euros) et l’immobilier. Il investira en co-investissement avec nos fonds ou nos fonds de fonds via des parts sans frais pour ne pas pénaliser la performance. Ces investissements revêtent toujours la forme de prises de participation majoritaire, le plus souvent dans des entreprises familiales dont les actionnaires qui monétisent dans des filiales d’actifs de grands groupes ou des participations cédées par d’autres sorties de fonds.

Le timing de marché est excellent pour proposer un nouveau fonds. Les millésimes lancés durant les périodes de crise sont généralement les plus performants. Nous sommes dans un marché fracturé : les entreprises ciblées sont celles qui auront su faire la preuve de leur faculté d’adaptation dans un nouvel environnement et celles dont l’équipe de management se sera révélée de très grande qualité. Il y a aussi des situations où la crise a retardé des projets de transmission et où le fondateur souhaite trouver rapidement un repreneur pour continuer les projets de croissance. Dans ces périodes, les prix s’ajustent, ce qui réduit les prises de risque. La sélectivité dans les transactions des sociétés accompagnées, quel que soit le cycle, est clé dans notre métier. Mais elle est plus facile à mettre en oeuvre aujourd’hui.

J. D. En étant majoritaires au sein des entreprises, nous démontrons notre engagement, mais aussi notre exposition dans la gestion de l’entreprise. Une équipe opérationnelle très senior – toujours consultée lors de la prise de décision d’investissement – passe au moins 50 % de son temps physiquement dans les entreprises, avec un double objectif : aider le management à lever les freins du quotidien, mais également identifier et à mettre en oeuvre de nouveaux axes de développement, tant en croissance organique qu’externe.

Accessible dès 25 000 €, l’appel de fonds sera successif avec un premier versement de 10 % (contre 50 % pour le premier millésime). La digitalisation à 100 % de notre process de distribution et la mise en place des prélèvements Sepa nous permettent, en effet, d’avoir une approche plus institutionnelle sur ce point et de pouvoir appeler les fonds progressivement selon la constitution du portefeuille et la saisie des opportunités nées de la crise du Covid-19. La durée de vie du fonds est fixée à huit années, prorogeable deux fois une année.

Le FCPR permet de réduire la fiscalité sur les plus-values, en contrepartie d’une conservation des parts pendant cinq ans. L’objectif est de constituer un portefeuille de 50 millions d’euros.

Un mot sur votre fonds éligible au remploi de plus-value de cession d’entreprise ?

R. D. Il s’agit d’un FPCI basé sur notre fonds santé, Digital Health qui a déjà levé 100 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels et réalisé quatre investissements. Nous n’opérons ni sur les biotechs, ni sur les medtechs, mais sur le segment de la santé digitale : nous investissons dans des sociétés qui connectent des objets ou des acteurs dans le mode de la santé qui réalisent des connexions entre des briques existantes pour faciliter les échanges de données entre des objets ou des organismes, par exemple entre les patients, les laboratoires d’analyses médicales, et les médecins ou les laboratoires pharmaceutiques.

Ainsi, nous nous écartons, par exemple, des paris biologiques ou technologiques qui nécessitent des années d’essais cliniques et de recherche avant que les produits puissent être mis sur le marché. Pour mieux gérer le risque, s’agissant de capital-innovation et même s’il s’agit de sociétés ayant déjà une activité commerciale, contrairement à notre activité de LBO, nous n’investissons pas de façon majoritaire mais en joint-venture, tout en ayant une part significative du capital des entreprises.

J. D. Pour apporter de la diversification et de la robustesse au fonds, une poche de 20 % de son actif est investie dans des fonds de LBO France « traditionnels », donc sur des activités plus matures. Le montant d’investissement minimum est fixé à 500 000 €. 

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