Miser sur l’IA générative : coup sûr ou coup de poker ?

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L’essor de l’IA générative a fait couler beaucoup d’encre et éveillé la curiosité des investisseurs. Cette innovation a le potentiel d’être une rupture technologique majeure, promesse d’importants retours sur investissement. Mais, comme nous avons déjà pu le constater pour d’autres technologies récentes (véhicules électriques, énergies renouvelables, blockchain), les valorisations peuvent avoir tendance à être déconnectées des fondamentaux. Les investisseurs ne doivent donc pas avancer sans discernement, au seul motif que cette thématique est en vogue. Comme pour tout investissement, une connaissance approfondie du secteur, le calcul des risques et la définition des domaines où il reste un potentiel de croissance constitue le triptyque incontournable pour déployer une stratégie gagnante.

Miser sur lIA générative coup sûr ou coup de poker 01L’IA générative est une intelligence artificielle capable de créer un contenu nouveau et original à partir d’informations existantes en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique. Elle peut créer de nouvelles images, des vidéos, de la musique, du code et du texte en se basant sur des modèles de données existant. A la différence de l’IA traditionnelle, elle fonctionne sans intervention humaine. Elle est capable de générer automatiquement des algorithmes et de traiter un plus grand nombre de données plus rapidement.
Avec l’IA générative, la science-fiction a-t-elle rejoint la réalité ? L’IA générative est en fait une variante du deep learning traditionnel (une branche du machine learning). Nous sommes donc encore loin d’une évolution plus profonde vers l’intelligence générale artificielle, telle qu’elle nous est présentée dans des films comme Terminator, Matrix ou encore C-3PO de La Guerre des étoiles.

Saisir les opportunités et mesurer les risques pour comprendre son exposition
Comme tout secteur médiatisé, l’IA générative a nourri de nombreux fantasmes en même temps qu’elle a posé de nombreuses questions fondamentales, au premier rang desquels celle de savoir si, à terme, elle allait rendre l’humain obsolète. Il s’agit donc d’évaluer de manière rationnelle quels sont les risques, mais aussi les opportunités qui pourraient naître de l’implémentation de l’IA générative. Si cette technologie est capable d’accomplir brillamment et rapidement un certain nombre de tâches, force est de constater que sa principale faiblesse réside dans son manque de fiabilité, ne parvenant pas toujours à garantir ni la qualité, ni l’exactitude, ni l’originalité du contenu produit. Elle peut concevoir des images réalistes, mais peut aussi inclure des erreurs basiques, comme attribuer deux volants à une voiture ou trois jambes à un être humain.
S’il y a donc peu de chances qu’elle remplace massivement les Hommes au travail, il y aura inévitablement des emplois qui seront rendus obsolètes, principalement ceux qui impliquent des tâches répétitives qui pourraient être largement automatisées par l’IA générative. En revanche, d’autres emplois pourraient être améliorés par celle-ci, notamment les tâches créatives, telles que la conception de jeux vidéo, la création d’arrière-plans des films, la production musicale ou encore la programmation informatique.
Le déploiement de l’IA générative pourrait également être la source de gains de productivité en permettant aux travailleurs de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. A l’instar de la 4G qui a permis à des start-up, comme Uber, Airbnb et Instagram, qui ont toutes besoin d’une connectivité mobile constante, de se propager à grande échelle, de nouvelles sources d’activité et de croissance pourraient émaner de cette innovation.
L’IA générative pourrait également engendrer des risques liés à la propriété intellectuelle et au plagiat, à la diffusion de « fake news » ou de contenus abusifs, à l’usurpation d’identité et à l’utilisation détournée par des criminels à des fins malveillantes, de fraude et de manipulation. Les investisseurs doivent donc garder à l’esprit que le secteur n’est pas exempt de risques réglementaires, sociaux et politiques.

Investir dans l’IA générative : attention à l’engouement sans discernement
Pour investir dans l’IA, il ne suffit pas de choisir la meilleure technologie existante. L’IA générative repose en effet sur une chaîne de valeur complexe, allant des composants matériels de base aux logiciels spécialisés, type chatbots. Un autre élément clé à prendre en compte est le niveau d’exposition d’une entreprise à cette technologie. Par exemple, Microsoft est bien placée pour saisir les opportunités offertes par l’IA:elle détient une participation importante dans OpenAI, a déjà intégré ChatGPT dans son moteur de recherche et prévoit de l’intégrer dans sa suite Office. Mais les revenus supplémentaires que Microsoft tirera de cette technologie ne seront peut-être pas aussi importants que le marché le prévoit. A ce stade, l’IA générative ne fera pas beaucoup bouger les choses pour un tel mastodonte, et Google et Amazon resteront des concurrents redoutables. Toutefois, cela n’a pas empêché le cours de l’action Microsoft de croître d’un tiers de sa valeur sur les six derniers mois, porté par une vague d’engouement autour de l’IA.
Gartner, un cabinet de conseil en technologie, met justement en garde contre ces cycles d’engouements qui reviennent souvent en investissant dans les secteurs technologiques. Le cycle décrit la progression d’une technologie, depuis son émergence jusqu’à son (sur)engouement, suivi par une période de désillusion qui aboutit à la compréhension finale de la pertinence et du rôle effectif de la technologie dans l’économie. A présent, l’IA n’a pas encore atteint un « pic d’attentes démesurées », c’est-à-dire une phase d’enthousiasme excessif; mais il est très probable qu’une fois atteint, des niveaux de valorisation tout à fait décorrélés de la réalité soient constatés pour certaines entreprises.
Ces derniers mois, d’importantes sommes ont été investies dans l’IA, en grande partie par des investisseurs cherchant en priorité à s’exposer au thème, plutôt qu’à générer une performance sur le long terme. Cela signifie que même si l’IA peut connaître une longue période de croissance, certains titres et secteurs peuvent s’avérer surévalués et risqués. Les investisseurs avisés auraient donc intérêt à chercher les segments de la chaîne de valeur qui offrent un bon ratio rendement/risque : à ce titre, les semi-conducteurs sont un exemple probant. Les sociétés de semi-conducteurs sont les principaux bénéficiaires de la demande croissante pour l’IA, car celle-ci a besoin de puces hautement spécialisées, optimisées pour traiter de grandes quantités de données et exécuter des algorithmes complexes. Les puces pour l’IA générative ne sont pas fondamentalement différentes de l’IA traditionnelle, mais la puissance de calcul nécessaire étant beaucoup plus élevée, elle nécessite des puces spécifiques. Grâce à l’IA, de nombreux titres ont connu un regain d’intérêt ces derniers mois, comme les sociétés de semi-conducteurs Intel, Samsung Electronics, Applied Materials, ASMPT ou encore NVIDIA.
L’IA et l’IA générative sont de nouveaux domaines de développement technologique passionnants qui promettent des années de croissance. Pour les investisseurs, les rendements offerts sont potentiellement très attrayants. Mieux vaut néanmoins rester prudents en ce qui concerne les valorisations. Les investisseurs devraient être en mesure de minimiser les risques grâce à une fine connaissance de la technologie, en sélectionnant des titres dans des parties sous-estimées de la chaîne d’approvisionnement telles que les semi-conducteurs, tout en restant disciplinés en matière de valorisation.

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